Amérique du Sud

Difficulté

Intérêt

Organisation

Distance : 113 km | Durée : 4 à 10 jours | Dénivelé : 6 670 m + et 6 670 m –

L’Alpamayo (« rivière boueuse » en quechua) est l’une des montagnes les plus célèbres de la Cordillère Blanche au Pérou, si ce n’est la plus célèbre. Depuis le côté nord son magnifique profil pyramidal lui a même valu d’être élue la plus belle montagne au monde en 1966. Le Grand Tour de l’Alpamayo (GTA) est un itinéraire d’altitude qui fait le tour du massif montagneux que l’Alpamayo compose avec les très beaux sommets Pucajirca à l’Est (6 050 m), Quitaraju au centre (6 036 m), et bien sûr l’impressionnant Santa Cruz à l’Ouest (6 241 m), qui a donné son nom à la partie Sud de ce parcours. De part sa facilité (1 unique col à passer) et les vues spectaculaires qu’il offre, le trek de Santa Cruz est le plus fréquenté de la Cordillère Blanche. L’ensemble de la boucle en revanche est d’une difficulté plus élevée, mais également d’un bien plus grand intérêt pour tout randonneur amoureux de la montagne. C’est cet itinéraire complet que je vous présente dans cet article.

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Carte du Grand Tour de l’Alpamayo
Pour découvrir cette randonnée en vidéo, je vous invite à visionner l’épisode 13 « Le Cap des 10 000 km » de la websérie The American Hike, disponible sur Youtube !

I. Avis Général

Difficulté   2018-10-08-22-36-19[1]

Bien que d’un niveau supérieur au trek de Santa Cruz, le tour complet de l’Alpamayo reste néanmoins tout à fait abordable pour un randonneur habitué à la montagne. La distance est de 113 km, et bien qu’il soit parfois indiqué de le faire en 10 jours, il est, comme vous vous en doutez bien, tout à fait possible de le réaliser en une semaine sans pour autant se presser. Pour ma part, avec un rythme rapide, j’ai réalisé la boucle complète en 4 jours et demi. Il existe deux possibilités de petit ravitaillement sur l’itinéraire même de la randonnée, une à chaque extrémité Est – Ouest, ce qui assure une sécurité et permet de ne pas avoir à transporter trop d’autonomie. L’accès à l’eau ne présente aucun problème, mais il est judicieux de prévoir un moyen de purification du fait de la présence ponctuelle de bétail. Les chemins de cet itinéraire, bien que sauvages et peu fréquentés en dehors du trek de Santa Cruz, ne présentent pas de difficulté technique ou physique particulière. Néanmoins, étant donné que la majorité du trail se déroule en altitude, les environnements traversés sont souvent exposés à la météo (absence d’arbres), et parfois au vide.

Les principales difficultés proviennent d’une part des nombreux cols à franchir, avec pas moins de 8 cols (le plus haut à 4 860 m et le plus bas à 4 360 m), dont beaucoup d’ascensions assez raides ; et surtout de l’altitude elle-même, qui nécessite une acclimatation. Pour aborder sereinement cet itinéraire je conseillerais donc de passer au moins une semaine à une altitude minimum de 3 000 m, à Huaraz ou Cusco par exemple, en profitant de ce temps pour faire des randonnées à la journée ou peu exigeantes, mais avec du dénivelé. Le mal aigu d’altitude n’est pas un phénomène à sous-estimer, et pour s’acclimater il n’y a pas d’autre solution que de passer du temps en altitude. Pour en apprendre plus sur le sujet je vous invite à lire cet article : Le Mal Aigu des Montagnes (MAM)

Mauvais temps lors de l’ascension du col Osoruri

Intérêt   2018-10-08-22-37-04[1]

Nature sauvage et préservée, paysages de haute montagne, sommets mythiques, petits villages typiques… L’itinéraire complet du Tour de l’Alpamayo est la meilleure opportunité pour un randonneur moyen d’aller à la découverte de l’une des plus belles chaînes de montagne au monde, j’ai nommé la Cordillera Blanca ! Il présente un intérêt bien supérieur au seul Trek de Santa Cruz, en multipliant les points de vue sur ces montagnes grandioses (avec notamment une vue de la face Nord de l’Alpamayo, la plus belle), et surtout en proposant une expérience authentique et aventureuse, loin de la foule touristique.

De plus, tout au long de l’itinéraire le marcheur a accès à de nombreuses variantes, généralement de courtes randonnées aller-retour, permettant d’accéder à quelques points de vue privilégiés. Enfin en marge de cet itinéraire de randonnée les possibilités d’alpinisme sont infinies, avec des sommets magnifiques allant d’un niveau de difficulté « moyen » (l’Alpamayo par la voie normale par ex.) à « extrêmement difficile » (le Taulliraju par ex.). De telles ascensions ne sont donc pas abordables pour un débutant, et il est en théorie obligatoire de recourir aux services d’un guide de haute montagne accrédité par le Parc National de Huascarán pour y pratiquer l’alpinisme.

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Ai-je vraiment besoin de vous expliquer pourquoi le Grand Tour de l’Alpamayo en vaut le coup ?…

Organisation   2018-10-08-22-34-58[1]

La totalité de l’itinéraire se déroule au sein du Parc National Huascarán, dont un poste de contrôle se trouve dans le village de Cashapampa. Malgré le ticket d’entrée à environ 150 soles (37€50) pour une durée de 4 à 30 jours, il n’y a presque aucune infrastructure proposée au visiteur : ni refuge, ni sanitaires, ni balisage, ni entretien spécifique des sentiers, ni panneau d’explication, etc. Les seuls efforts ont été fournis sur la partie Sud de l’itinéraire, c’est-à-dire sur le Trek de Santa Cruz, mais le manque d’entretien a fait son œuvre…

Comme d’habitude au Pérou, on paye, mais sans savoir pourquoi, et avec le désagréable sentiment de se faire tout simplement racketter. Payer uniquement un droit de passage, sans plus, n’est pas acceptable, en particulier quand on se rend compte que ni le visiteur ni l’environnement naturel ne bénéficient de cet argent. Où vont donc ces sommes considérables ?… Je vous laisserai poser la question au gouvernement et aux responsables locaux qui sont notoirement engoncés dans la corruption. L’unique point que j’attribue dans ce domaine provient des nombreuses offres commerciales (agences, guides, portage) qui permettent aux touristes peu habitués à la montagne de réaliser le Trek du Santa Cruz, voire le tour complet, en étant accompagné. Mais pour cela il faut mettre le prix (voir ci-dessous Conseils Pratiques).

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Les quelques sanitaires installés par le Parc National sont aujourd’hui laissés à l’abandon

II. Conseils pratiques

Comment se rendre sur place ?

Huaraz, la capitale régionale, qui a été surnommée la « Chamonix des Andes » pour souligner l’importance qu’y tient la pratique des sports de montagne, devrait constituer votre camp de base pour organiser vos excursions dans la Cordillère Blanche, Noire ou Huayhuash. Il existe plusieurs points d’entrée et de sortie sur l’itinéraire, d’où l’on peut rallier Huaraz en transports en commun, via les petites villes de la région (Caraz, Yungay, Pomabamba…). Par ailleurs, depuis tous ces points il est généralement possible de revenir directement à Huaraz en taxi.

  • Cashapampa (du côté Ouest) est le point de départ / arrivée traditionnel du Tour de l’Alpamayo, ainsi que le point de départ traditionnel du Santa Cruz. Des bus relient tous les jours Cashapampa à Huaraz via la petite ville de Caraz. De Cashapampa il est possible de louer les services d’un muletier pour transporter vos affaires.
  • Hualcayan, à 10 km au Nord de Cashapampa, est un autre point de départ / arrivée classique du GTA. Des transports relient tous les jours Hualcayan à Caraz d’où il est facile de rentrer à Huaraz.
  • Vaqueria (du côté Est) se trouve 15 km en dehors de l’itinéraire du GTA, mais est le point d’arrivée traditionnel du trek de Santa Cruz. De Vaqueria il faut arrêter un minibus qui relie Yanama à Yungay, et de là il est facile de rejoindre Huaraz.
  • Jancapampa (du côté Est) est la porte d’entrée/sortie du GTA de ce côté de la Cordillère Blanche. Des minibus font la jonction quotidiennement avec la petite ville de Pomabamba d’où des bus rallient tous les jours Huaraz via Carhuaz (7 heures de trajet). De plus il est tout à fait possible de faire le trajet entre Jancapampa et Pomabamba à pied : 10 km à travers la campagne péruvienne, uniquement en descente dans le sens Jancapampa – Pomabamba.
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Arrivée en surplomb de Hualcayan au coucher du soleil

Où dormir ?

De manière générale il existe en dehors des passages de cols de nombreux lieux adaptés pour  bivouaquer, du fait de la grande présence de cours d’eau. Certains espaces sont spécialement réservés au camping, et ces emplacements sont détaillés dans la description de l’itinéraire (voir ci-dessous). Pour dormir dans un lit il est possible de trouver des logements à Vaqueria, et à Cashapampa où l’on trouve à la fois le charmant « Refugio de Chana » qui propose des lits pour 15 soles (3€75) ainsi que des repas, et sur le chemin au départ du trek, une petite auberge tenue par l’accueillant Aquiles qui propose à la fois des places de camping gratuites, des lits pour 10 soles (2€50), des repas avec truites fraîches provenant directement de son bassin d’élevage, et si vous avez de la chance vous pourrez même entendre le son de sa harpe traditionnelle. En revanche il n’y a pas d’hôtel à Hualcayan et Jancapampa, mais il existe des emplacements attribués au camping (gratuits).

Le charmant Refugio de Chana a Cashapampa

Comment se ravitailler ?

Pour accéder à des supermarchés proposant un large choix de produits internationaux, il vaut mieux faire le gros de ses courses à l’avance à Huaraz. Cependant sur l’itinéraire il est possible de trouver des épiceries dans les villages de Hualcayan, Cashapampa et Jancapampa, proposant un choix suffisamment large pour faire un ravitaillement, au moins d’appoint, et alléger ainsi le sac à dos. Les produits disponibles dans ce type de commerces sont basiques mais suffisants : pâtes, riz, conserves de thon, crackers, gâteaux, pâtisseries, fruits, sauces, confiture, confiseries, sodas, bières. Par ailleurs sur le trek de Santa Cruz (de Cashapampa à Vaqueria) quelques campings sont dotés de petits stands où il est possible d’acheter boissons et snacks.

L’accès à l’eau n’est pas un problème du fait du très grand nombre de cours d’eau s’écoulant directement des glaciers au-dessus. Il faut cependant prévoir un moyen de purification car les vallées sont souvent des zones de pâturage pour le bétail.

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L’un des nombreux cours d’eau que l’on trouve dans la zone, a proximité de Huilca

Comment se repérer ?

Voici quelques options que vous pouvez envisager pour gérer la navigation sur cet itinéraire, sachant que le balisage est très faible voire complètement inexistant, mais que les sentiers sont en général bien définis. La difficulté réside donc dans le fait de choisir le bon chemin. Pour ma part j’ai utilisé une application GPS basique (MAPS.ME), complémentée à titre informatif par des photos prises dans un guide papier. Vous pouvez trouver des cartes papier et des guides papier en librairie ou en boutique spécialisée à Huaraz.

  • Un GPS de marche de type Garmin : Vous pouvez trouver un itinéraire complet du circuit disponible librement ici (format .gpx ou .kml). Vous pouvez l’utiliser avec un fond de carte (format .img) basique gratuit comme ce que propose OpenStreetMap, ou bien avec un fond de carte topographique payant.
  • Une application GPS sur smartphone : Soit une application gratuite fonctionnant avec des fonds de carte basiques (MAPS.ME par exemple), ou bien une application spécialisée payante avec des fonds de carte topographiques (Gaia par exemple, en anglais).
  • Une carte papier : Les cartes de référence pour la Cordillère Blanche proviennent de la fédération allemande d’alpinisme (Alpenvereinskarte) pour la zone Cordillera Blanca Nord.
  • Un guide papier : qui a l’avantage de combiner un intérêt de navigation (peu précis cependant) et un intérêt informatif.
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L’un des seuls panneaux de balisage que j’aie trouvé sur l’ensemble du circuit

Que mettre dans son sac à dos ?

La Cordillère Blanche n’est pas à prendre à la légère, et comme dans tout environnement de haute montagne, la météo peut changer brutalement avec des températures négatives et de fortes intempéries. Il est donc primordial de prévoir des équipements adaptés à ces conditions difficiles. Comme toujours, il faut cependant privilégier un sac léger et compact tant pour des raisons de sécurité que de confort, et plus particulièrement encore sur cet itinéraire, du fait de barrière physique que représente le manque d’oxygène en altitude. Pour en apprendre plus sur les principes généraux qui vous aideront à composer votre sac, je vous invite à lire cet article : Marcher léger. À titre d’exemple voici ma propre liste de matériel, qui permet de combiner ces deux aspects (sécurité et légèreté), dans l’optique d’une marche de plusieurs jours en autonomie :

  • Couchage :
    • Tente Vaude Lizard SUL 1-2p
    • Tapis de sol Thermarest
    • Sac de couchage Mountain Hardwear Phantom Spark
  • Vêtements : vos vêtements doivent répondre à la règle des 3 couches : une première couche proche du corps confortable et respirante ; une deuxième couche isolante qui doit être capable de tenir chaud ; une troisième couche qui protège des éléments extérieurs. C’est en combinant les éléments de ces trois couches que vous serez à même de répondre à tous les cas de figure.
    • 1 paire de chaussettes légère pour la marche (1ère couche)
    • 1 paire de grosses chaussettes en laine mérinos pour le bivouac
    • 1 caleçon en laine mérinos (1ère couche)
    • 1 t-shirt technique en matière synthétique (1ère couche)
    • 1 legging de course ou 1 pantalon coupe-vent en polaire (2ème couche)
    • 1 polaire légère (2ème couche)
    • 1 doudoune légère (2ème couche)
    • 1 surpantalon imperméable (3ème couche)
    • 1 veste de montagne légère (3ème couche)
    • 1 bonnet en laine mérinos
    • 1 paire de gants légère
    • 1 casquette bien couvrante
    • 1 paire de lunettes de soleil protection UV4
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Camping au mirador Sud de l’Alpamayo

Et avec une agence ?

De mai à octobre de nombreuses agences proposent le circuit complet du GTA réalisé en 9/10 jours. Les prix varient en fonction du nombre de clients par groupe, et des services proposés, mais il faut compter environ 100$ par jour et par personne pour un service complet (tente, nourriture avec cuisiniers, guide, portage à dos d’âne ou de mule, et même sanitaires mobiles !). Toutes les agences proposent bien sûr également le célèbre trek de Santa Cruz, réalisé en 4 jours pour la même gamme de services et de prix. Vous pouvez trouver une agence directement à Huaraz, ou passer par un Tour Operator, y compris depuis la France. Si vous souhaitez profiter des services d’un guide francophone il vaut mieux réserver à l’avance, étant donné qu’il n’y en a que 8 en activité à Huaraz (en 2018). Pour ce faire je vous conseille l’agence Montañas Sagradas qui propose des services en français.

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Groupe de marcheurs faisant partie d’un tour organisé

III. Description du circuit

Le programme décrit ci-dessous correspond à ce que j’ai moi-même effectué en 4 jours et demi. Pour vous donner un ordre d’idée j’indique également dans ce descriptif les lieux de camping correspondant au circuit complet réalisé en 10 jours. À vous de trouver le programme qui vous corresponde le mieux entre ces deux extrêmes, sachant que les possibilités de camping sauvage sont presque illimitées !

Jour 1 : De Jancapampa au camp de base Nord de l’Alpamayo – 30 km

Le chemin part du centre de Jancapampa où se trouve une petite épicerie, pour traverser la vallée en contournant les zones humides qui en constituent le centre. Le sentier s’éloigne des dernières habitations pour traverser la rivière et s’engager dans une zone boisée, à l’entrée d’une gorge dans laquelle il s’élève. L’itinéraire monte de pallier en pallier le long des cours d’eau qui descendent de la montagne, offrant de nombreux endroits propices au camping. La dernière partie de la montée s’avère bien plus abrupte, mais la vue sur les glaciers du Pucajirca Norte et sur le lac Sactaycocha en contrebas du col Yanacon est absolument spectaculaire. La descente par la série de lacets de l’autre côté du col s’avère également très abrupte, mais la pente s’adoucit petit à petit jusqu’à arriver dans l’immense vallée où se trouve les quelques habitations de Huilca. Les habitants vivent ici de l’élevage de moutons, de vaches et d’alpagas, les seuls que vous pourrez voir sur le circuit du GTA ! L’itinéraire empreinte la petite piste pour remonter dans la vallée Tayapampa jusqu’à une intersection. En prenant à gauche on arrive directement au camp du même nom (stop n°1 sur 10 jours), au bord de la rivière, et de là débutent deux variantes de randonnées aller-retour : soit pour accéder au lac Safuna Alta, de la moraine duquel on profite d’une très belle vue sur les sommets du Pucajirca (6 039 m), soit pour se diriger vers le lac Pucacocha situé au pied même d’un cirque de montagnes comprenant le Tayapampa (5 657 m), le Jancarurish (5 578 m), l’Alpamayo (5 947 m) et de l’autre côté le Pucajirca (de la droite vers la gauche). En prenant à droite à l’intersection on s’élève directement vers le petit col Mesapampa, pour en redescendre de l’autre côté dans la vallée Mayobamba, et aussitôt reprendre l’ascension vers le col Caracara, qui est le deuxième plus haut du circuit (4 830 m). L’ascension est raide mais la récompense au sommet est sans égale, avec un panorama inégalable sur le cirque de montagnes limité, de la droite vers la gauche, par le Santa Cruz (6 259 m), le Pumapampa (5 582 m), le Quitaraju (6 036 m) et l’Alpamayo (5 947 m). On redescend de manière tout aussi raide vers la rivière en contrebas, en dépassant de petits lacs sur la gauche. De l’autre côté de celle-ci se trouve le camp Jancarurish, indiqué par un panneau, où l’on peut planter la tente en vue de l’Alpamayo. Pour une meilleure expérience de cette montagne magnifique je vous conseillerais cependant de monter jusqu’à la moraine du lac Jancarurish, voire de vous diriger vers le camp de base Nord pour planter votre tente juste avant, sur le bord de la falaise qui surplombe le lac (stop n°2 sur 10 jours). Spectacle d’anthologie au coucher et au lever du soleil… Une petite randonnée aller-retour part d’ici pour remonter le vallon vers la Laguna 42, offrant un point de vue magnifique sur le Santa Cruz.

Vue nuageuse sur le Pucajirca depuis le col Mesapampa

Jour 2 : Du camp de base Nord de l’Alpamayo à Hualcayan – 30 km

Le chemin descend le long de la vallée Alpamayo, s’éloignant petit à petit du cirque montagneux, qui disparaît finalement au passage d’un coude. La vallée sert de zone de pâturage au bord de la rivière, alors que le sentier reste à flanc de montagne sur la rive gauche, jusqu’à atteindre une jonction signalée par une ruine wari de forme circulaire. Le chemin à droite continue à descendre vers le hameau Alpamayo, construit au milieu des vestiges de cette civilisation pré-colombienne. L’itinéraire en revanche prend à gauche pour s’élever brutalement vers le col Vientunan. Une fois le col passé on redescend dans un petit vallon au fond duquel se trouve le campement Osoruri (stop n°3 sur 10 jours), et l’on remonte directement pour passer le col du même nom, le plus haut du circuit à presque 4 900 m d’altitude. Très beau panorama sur le pic Nord du Santa Cruz dont les glaciers s’écoulent dans la grande Laguna Cullicocha. Possibilité de camper au bord du lac. Le sentier atteint les bâtiments d’une station hydrologique, et à partir de là suit les canaux qui en sortent pour descendre par un chemin à flanc de falaise vers deux sites de camping, Wishcash puis Calamina. La vue se dégage progressivement pour offrir un panorama qui s’étend jusqu’à la Cordillère Noire, de l’autre côté de la grande vallée de Huaraz. On rejoint enfin le village de Hualcayan (stop n°4 sur 10 jours) par un sentier en lacets, régulier et agréable, du moins en descente…

Descente dans la vallée Alpamayo

Jour 3 : De Hualcayan au belvédère de l’Alpamayo (face Sud) – 30 km

La marche de Hualcayan à Cashapampa s’effectue à travers la campagne péruvienne, bucolique et tranquille. Il peut néanmoins s’avérer compliqué de trouver le chemin le plus direct dans le véritable dédale qui quadrille les champs. Pour cette partie de l’itinéraire un GPS ou une application GPS sur téléphone me paraît être la meilleure solution de navigation (voir Conseils Pratiques ci-dessus). Peu avant la dernière montée pour accéder à Cashapampa vous apercevrez une piscine, derrière laquelle se trouvent des bains thermaux naturels, gratuits qui plus est ! Simplement ne pas faire la même erreur que moi, et ne pas oublier de boucher le trou d’écoulement pour que le bassin se remplisse… Cashapampa (stop n°5 sur 10 jours) est un petit village, mais qui propose tous les services nécessaires pour se loger et se réapprovisionner (voir Conseils Pratiques ci-dessus). De là démarre véritablement le célèbre trek de Santa Cruz, indiqué par un panneau dans la partie haute du village. Après avoir passé le poste de contrôle du Parc National, le sentier s’élève brutalement dans les gorges de la rivière, mais après environ 5 km la pente s’adoucit et la vallée s’élargit en arrivant au camping Llama Corral. Petit stand de vente et toilettes, bien que celles-ci ne fonctionnaient pas quand j’y étais. De là le chemin, large et évident, continue à travers la vallée selon un faux-plat à tendance ascendante. Après avoir dépassé le lac Ichiccocha, qui en réalité tient plus de la tourbière, il s’élève pour passer la moraine du lac Jatuncocha, au bout duquel se trouve une zone de camping (stop n°6 sur 10 jours). De Cashapampa jusqu’ici la zone est infectée de petits moucherons suceurs de sang (du type des sandflies néo-zélandaises ou midgies irlandaises). La vallée s’élargit à nouveau sur une grande plaine de sable, et l’on arrive à une intersection. À droite pour monter directement vers l’unique col du trek de Santa Cruz, Punta Union, et à gauche pour accéder au belvédère de l’Alpamayo, et plus loin au camp de base Sud (Arhuaycocha). Ne manquez surtout pas cette deuxième variante qui offre une vue spectaculaire sur les montagnes alentour ! Après une ascension très raide en lacets, on arrive au fameux belvédère, où une grande plaine herbeuse constitue un spot idéal pour camper. Un petit ruisseau traverse le sentier 100 mètres plus loin. Sinon, pousser à travers la vallée jusqu’au camp de base à 2,5 km, qui est une zone de camping officielle (stop n°7 sur 10 jours).

Au pied de l’Alpamayo

Jour 4 : Du belvédère de l’Alpamayo au lac Wicrococha + Détour par Arhuaycocha – 25 km

Depuis la plaine herbeuse du belvédère, qui offre déjà une vue magnifique sur l’Alpamayo, continuer dans la vallée vers le cirque montagneux, où sur une même arête se dressent le Quitaraju (6 036 m), l’Alpamayo (5 947 m), le Pucajirca Sud (6 039 m) et le Rinrijirca (5 888 m). Derrière soi la pointe du Artesonraju (6 025 m) gagne en majesté à mesure que l’on s’en éloigne. Il s’agirait de la montagne qui a servi de modèle pour le logo de la société de production cinématographique Paramount Pictures ! Le camp de base Sud de l’Alpamayo (stop n°7 sur 10 jours) est un endroit véritablement charmant, situé dans un petit bois de quenuales, ces arbres biscornus à l’écorce orange, typiques du Pérou. Si vous avez du temps devant vous, il s’agit de l’un des meilleurs endroits sur le circuit pour passer une après-midi à flâner, voire planter la tente pour la journée. À seulement une demi-heure de marche il est possible de monter au sommet de la moraine du lac Arhuaycocha, pour un point de vue spectaculaire sur les sommets alentour, ou bien de descendre au bord de ses eaux d’un bleu céruléen, que surplombent d’impressionnants glaciers. Une fois revenu au belvédère, ne pas redescendre la pente en lacets, mais prendre à gauche pour rejoindre l’itinéraire principal en s’économisant une partie de la montée. On arrive rapidement au camping de Taullipampa installé au milieu d’une plaine herbeuse, et de là débute véritablement l’ascension vers le col Punta Union. Le chemin est assez raide, mais si vous faites le circuit complet du GTA vous devriez avoir l’habitude ! Enfin on arrive au passage creusé dans l’arête par les Incas, d’où l’on profite d’une magnifique vue sur le paysage alentour, dominé par le sommet tout proche du Taulliraju. La descente de l’autre côté se fait par un chemin couvert de grandes pierres plates qui peuvent s’avérer glissantes par temps pluvieux, et mène jusqu’à une petite intersection où se séparent le trek de Santa Cruz et le Grand Tour de l’Alpamayo. En prenant à droite la fin du trek de Santa Cruz se termine 15 km plus bas à Vaqueria. Tourner à gauche pour descendre vers le bord de la rivière où se trouve le camp Tuctupampa (stop n°8 sur 10 jours). Juste au dessus se trouve le prochain col à franchir, Alto de Pucaraju, dont l’ascension, bien que courte, est particulièrement raide. On redescend de l’autre côté dans une grande vallée par un chemin au début abrupte, mais qui adopte bientôt des airs bien plus sympathiques, large et herbeux, alors qu’il reste un peu en altitude à flanc de montagne. Enfin une dernière descente assez franche mène à l’extrémité Est du lac Wicrococha, où un grand bâtiment (fermé quand j’y étais) signale l’emplacement de la zone de camping (stop n°9 sur 10 jours).

Section préservée de chemin pré-colombien lors de l’ascension vers Punta Union, dominé par le Taulliraju

Jour 5 : Du lac Wicrococha à Jancapampa – 10 km

Continuer à descendre le long de la rivière, mais bifurquer à gauche dans la vallée au lieu de continuer sur la piste vers le village de Quishuar. Le sentier contourne la partie centrale de la vallée pour éviter la zone humide au bord de la rivière. Il s’efface petit à petit pour s’avérer finalement très difficile à suivre au début de l’ascension vers le col. Il s’agit peut-être du seul endroit où j’ai regretté de ne pas avoir de guide au cours de ces 4 jours et demi de marche. On constate ici l’inefficacité absolue du Parc National Huascarán pour l’entretien et le balisage des sentiers, dont il a pourtant la responsabilité. Une fois sorti de la zone boisée l’itinéraire redevient plus facile à suivre, et l’on arrive au col dans un paysage de steppes dominé par le spectacle du Taulliraju et du Pucajirca. Paradoxalement le passage de ce col est plutôt aisé, avec une ascension progressive, et cette partie du circuit serait même très agréable si le sentier était entretenu. Le passage du col s’effectue en deux temps : le passage d’une ligne de crête Nord-Sud, puis immédiatement après, le passage d’une ligne Est-Ouest. L’itinéraire de l’autre côté est bien plus évident, descendant vers Jancapampa (stop n°10 sur 10 jours) à travers une vallée encaissée qui sert de zone de pâturage pour les troupeaux du village, où mène une série assez raide de petits lacets.

La vallée qui descend vers Jancapampa est une zone de paturage privilégiée pour les troupeaux du village

Là s’achève le circuit du Grand Tour de l’Alpamayo, empreint de ce sentiment particulier en randonnée, et plutôt rare en marche de longue distance, de terminer là où l’on avait débuté quelques jours auparavant. La boucle est bouclée, mais la Cordillère Blanche mériterait bien un second tour.

2 réflexions au sujet de “”

  1. Merci Virgile pour ce bel article détaillé. Je le garde dans nos favoris. Je crois que l’on va devoir allonger notre voyage, si le budget le permet haha !!!!! Trop de choses à découvrir !

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    1. Content que l’article t’ait plu, je l’esperais surtout utile pour les lecteurs prévoyant de se rendre sur le terrain justement ! 🙂 Honnêtement ça en vaut vraiment le coup, même si bien sûr le budget dicte toujours les règles… Par contre attention a la saison, à partir de septembre/octobre le mauvais temps peut rendre les choses compliquées, et quelque peu gâcher l’expérience. Si vous avez besoin d’infos en plus n’hésitez pas !

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